En direct du Salon International du Bourget 1983
La plus grande manifestation aérospatiale mondiale se tient du 27 mai au 5 juin 1983 à Paris Le Bourget. Inaugurée par le président de la République François Mitterrand, cette XXXVème édition réunit plus de 900 exposants venus de 29 pays. Le salon est une vitrine exceptionnelle pour tous les acteurs du secteur et une occasion pour faire le point sur les programmes en cours ou les projets en gestation. Attardons-nous quelques instants pour souligner les nouveautés de cette manifestation.
Chez Airbus Industrie la vedette est l’A310, dont le premier exemplaire a été livré à Swissair le 25 mars dernier. Deux machines sont présentes sur le tarmac du Bourget. Un A310-200 aux couleurs de la compagnie néerlandaise KLM[1] et le prototype A310-221[2]. C’est ce dernier qui effectue quotidiennement les démonstrations en vol. Lui fait face son concurrent direct, le Boeing 767, que le constructeur de Seattle fait évoluer sous la bannière de la compagnie brésilienne Transbrasil[3].
Mais Airbus ne se contente pas de mettre l’accent sur son dernier né. Au cours de la traditionnelle conférence de presse, Bernard Lathière (administrateur-gérant du GIE) et Roger Béteille (Directeur technique) évoquent les grandes lignes du 150 places que le consortium compte aligner face au Boeing B-737, B-727 et DC-9. D’ailleurs, l’A320, puisque c’est de lui dont il s’agit, est certes encore sur les planches à dessin, cela n’empêche pas Aerospatiale d’exposer sur son stand la maquette échelle 1 de son futur cockpit. Celui-ci reprend un pilotage minimum à 2 et le concept FFCC[4] hérité de l’A310.
Restons chez l’avionneur national pour évoquer le programme ATR (Avion de Transport Régional) mené en partenariat avec Aeritalia. Henri-Paul Puel, patron du GIE franco-italien, est particulièrement fier de présenter la cabine aménagée et le poste de pilotage de l’ATR-42 qui suscite un vif intérêt. L’appareil, déjà commandé à 50 exemplaires par 13 compagnies, doit réaliser son premier vol d’ici quinze mois pour une mise en service prévue au dernier trimestre de 1985.
Venons en maintenant aux premières du domaine militaire. Sur le stand Dassault-Breguet, le visiteur peut découvrir la sombre maquette échelle 1 de l’ACX avion de combat expérimental qui préfigure l’Avion de Combat Tactique (ACT) et l’Avion de Combat Marine (ACM). L’ACX doit voler en 1986. Mais la machine qui en résultera sera-t-elle le fruit d’une coopération européenne? La question reste posée. Au statique comme en démonstration, la firme de Saint-Cloud présente toute la famille des Mirage: 4000, 2000, F1 CR et un nouveau venu le Mirage 2000 NG (Nouvelle Génération). Face à cette armada locale, la concurrence est représentée par le Panavia Tornado aux couleurs italiennes, le Sea Harrier anglais et le prototype Northrop F-20 Tigershark, dernier dérivé de la famille des F-5.
Il ne faut pas l’oublier, Le Bourget est aussi le rendez-vous des voilures tournantes. La Division Hélicoptères d’Aerospatiale est venue en force avec la gamme complète de ces machines: Super Puma, Dauphin, Ecureuil ou Gazelle. A cette occasion, Henri Martre, récemment nommé à la tête de la firme, a remis le millième Ecureuil à l’opérateur australien Rex Aviation. MBB de son côté, présente les traditionnels BK117 et BO105. Pour ces deux firmes, c’est la voie de la coopération qui dessine l’avenir. Elle est notamment matérialisée par le programme d’hélicoptère de combat dont la définition vient d’être arrêtée[5]. Les maquettes des deux versions à l’étude HAP (Hélicoptère d’Appui-Protection) et HAC/PAH (Hélicoptère AntiChar-Panzer Abwehr Hubschrauber), sont exposées sur leurs stands. Mais les constructeurs américains n’ont pas dit leur dernier mot. La présence de l’hélicoptère d’attaque Hughes AH-64 Apache et du Sikorsky UH-60 Black Hawk, tous deux nouveaux venus au Bourget, montre bien qu’ils n’ont pas renoncé à imposer leurs machines sur le marché européen.
Impossible enfin d’achever ce rapide tour d’horizon sans mentionner le clou du spectacle qu’a été la présence de la navette spatiale Enterprise sur son avion porteur Boeing 747 SCA[6]. C’est en effet la première fois que la NASA présente l’extraordinaire machine hors Etats-Unis. Le public parisien a été ravi par ce fantastique attelage, dont les vols ont interrompu jusqu’aux matchs du tournoi de tennis de Roland-Garros qui se déroule actuellement porte d’Auteuil.
[1] L’appareil, piloté par Bernard Ziegler réalise à cette occasion une liaison directe de 7.800km depuis Récife (Brésil), où il était en tournée de promotion, en 9h15 bloc à bloc.
[2] Immatriculation F-WZLI.
[3] Cet avion est le B767-200 (MSN 55) qui sera livré le 11 juillet 1983 à la compagnie brésilienne.
[4] FFCC pour Forward Facing Crew Cockpit.
[5] En janvier 1983, une réunion entre les directeurs d’armement français et allemands a permis de trouver un compromis entre les deux spécifications nationales et de finaliser la configuration générale de l’appareil.
[6] SCA pour Shuttle Carrier Aircraft.