50 ans du Transall en service dans l’armée française

By Marc 7 années ago
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Depeche AFP  sur le Transall

Quand, en 1958, des ingénieurs français et allemands se sont penchés sur leurs tables à dessin pour concevoir un avion de transport militaire, ils n’imaginaient pas que, 50 ans plus tard, le C160 Transall volerait encore et entrerait dans la légende de l’air.

Jeudi, l’armée de l’Air française a rassemblé sur la base aérienne d’Évreux (ouest de Paris) pilotes français et allemands, anciens, aviateurs et officiels pour célébrer les cinq décennies de service de « 4×4 volant de quarante tonnes », comme le décrit le capitaine Rémy, 32 ans.

« Ce côté baroudeur, qui peut se poser n’importe où du moment que vous trouvez mille mètres à peu près plats, ça m’a attiré dès l’école de pilotage », confie-t-il à l’AFP. « Un morceau de plage, un bout de désert peut faire l’affaire ».

Il raconte, des étoiles dans les yeux, une rotation sur une piste improvisée dans la brousse du Nord du Kenya, près de la frontière somalienne, pour ravitailler des troupes américaines.

Alors que ses remplaçants, le gros porteur A400M d’Airbus et le C130 Hercules acheté aux Américains entrent progressivement en service, 21 Transall volent encore avec des milliers d’heures de vol et un planning d’entretien adapté. Ils étaient cinquante dans leurs plus belles années, les derniers seront retirés en 2023.

Le général Laurent Marboeuf, commandant de la brigade aérienne d’appui, est venu à Évreux présider la cérémonie, remettre des médailles. Ancien pilote de Transall, il porte sur l’appareil le même regard attendri et admiratif.

« Toujours le premier à se poser, c’est un avion rustique, extrêmement polyvalent, qui a fait ses preuves en toutes circonstances », dit-il à l’AFP. « Il peut transporter dix tonnes de fret mais aussi des passagers, faire des largages, se poser sur des terrains courts, sommairement aménagés, parfois dans des environnements dangereux ».

 – ‘Personnage de Corto Maltese’ –

Dans le hangar où le Transall R213, capots ouverts, soulevé sur des vérins hydrauliques et entouré de ponts de maintenance, subit sa « visite intermédiaire » (toutes les 2.000 heures de vol environ), le capitaine Rémy montre le train d’atterrissage aux pièces sur-dimensionnées, capable d’encaisser les trous et les bosses d’Afrique et d’ailleurs.

« Il a deux fois deux roues jumelées, des pneus à basse pression: ça répartit la masse de l’avion, avec ça on se pose à peu près partout, même si parfois ça secoue un peu. Ce train est tellement bon que les ingénieurs d’Airbus l’ont repris sur l’A400 M, en version encore renforcée », dit-il.

Il y a la légende blanche du Transall, ces milliers de missions militaires, humanitaires ou logistiques, et sa légende noire, ou du moins grise, les atterrissages et décollages clandestins pour le compte des commandos, des Forces spéciales ou des agents de la DGSE (services de renseignement extérieur français).

Sur la base d’Évreux, les questions sur le sujet sont accueillies par de petits sourires et des lèvres serrées. Mais au téléphone, un ancien pilote de Transall, qui a fini haut gradé et demande à rester anonyme, se souvient de « rendez-vous en plein désert, de nuit, dans un coin où nous n’étions jamais censés être, avec des gars du service Action ».

« Nous utilisions les tout premiers GPS, des trucs du commerce, le mécano avait bricolé une petite antenne Sabre qui sortait par la trappe du haut. Le navigateur nous faisait la navigation avec ce machin », dit-il. « On avait des jumelles de vision nocturne que la DGSE nous avait achetées. On s’est posés en pleine nuit, tous feux éteints. Les gars sont sortis de nulle part, on a redécollé ».

Des troupes spécialisées, commandos de l’air notamment, sont chargées de repérer et sécuriser, au sol, les « pistes sommaires ». Mais parfois, dans les missions clandestines, ils ne sont pas là.

« Une fois, dans le lit d’un ancien lac salé près de la frontière somalienne, on avait rendez-vous avec une colonne de forces spéciales qui était en retard », raconte le même pilote. « On a fait un premier passage à très basse altitude, voir s’il n’y avait pas d’obstacle ou de bestiaux, et on s’est posé gentiment ».

« On coupe les moteurs, on sort de l’avion. Et là on voit arriver, sorti de nulle part, un berger Dankali, hirsute, sa canne sur les épaules. Un personnage de Corto Maltese. Celui-là, je l’oublierai jamais… »

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  B-Actualité Airitage
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