L’avionneur européen a maintenu mercredi ses prévisions 2025, hors impact des droits de douane américains. Mais il a prévenu : toute barrière douanière à l’importation érigée par Donald Trump devra être payée par ses clients américains, pas par Airbus.
Au premier trimestre, Airbus a livré 136 avions à 49 clients et dégagé un chiffre d’affaires de 13,5 milliards d’euros, en croissance de 6 % par rapport au premier trimestre de 2024. La branche hélicoptère progresse de 10 %, la branche défense de 11 %. Une activité solide, qui pourrait permettre une certaine sérénité, si Donald Trump n’avait mis le chaos
dans les règles du commerce mondial. A ce stade, l’avionneur européen confirme ses objectifs pour 2025, tout
en soulignant qu’il est encore incapable de mesurer précisément l’impact de droits de douane sur son activité. Pour 2025, Airbus prévoit de livrer environ 820 avions commerciaux, et vise un Ebit ajusté autour de 7 milliards d’euros. Le groupe se prononce toujours contre les droits de douane dans l’aéronautique et concède que même si on en restait à 10 %
des deux côtés de l’Atlantique, il y aurait un impact sur les comptes du groupe.« Nous sommes en discussion avec tout le monde, notamment nos fournisseurs pour évaluer les va-et-vient précis des pièces détachées des deux côtés de l’Atlantique et voire comment minimiser ces mouvements. On discute aussi d’augmentation de prix potentiels avec nos clients, mais vu l’ampleur des mouvements des deux côtés de l’Atlantique, nous pensons que l’industrie doit se développer sans droits de douane », a-t-il expliqué. Une chose est sûre : Airbus ne compte pas supporter les dits droits de douane. S’il doit les payer sur les composants importés d’Europe nécessaires aux avions qu’il fabrique sur son site américain, il les répercutera car « c’est une importation pour les clients. Eux non plus
n’ont pas envie de les payer, mais c’est à leur charge », a commenté le directeur général de l’avionneur, Guillaume Faury.
Interrogé sur des implantations plus importantes aux Etats-Unis, le PDG d’Airbus a souligné que le groupe était doté de suffisamment de lignes d’assemblage, lesquelles sont déjà réparties entre l’Europe, les Etats-Unis et la Chine et sont suffisantes pour répondre à la demande.
Hausse de 8 % du résultat d’exploitation brut
Au premier trimestre, le plus grand constructeur aéronautique d’Europe a annoncé un bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit) ajusté, de 624 millions d’euros pour les trois mois jusqu’à fin mars, soit davantage que ce que prévoyaient les analystes. « Nos résultats démontrent les progrès réalisés. Conformément à notre plan, nous augmentons notre production mais le profil de livraison sera décalé », ajoute le PDG Guillaume Faury, toujours en proie aux défis de la chaîne d’approvisionnement, notamment dans les moteurs. Airbus vient de clôturer le rachat de certaines parties de son fournisseur Spirit AeroSystems et estime qu’il lui faudra trois ans pour une intégration complète du fournisseur. L’acquisition n’aura pas d’impact sur les comptes 2025 mais pèsera sur ceux de 2026 et 2027, a averti le directeur
financier. Les activités liées aux avions commerciaux ont apporté une contribution stable à l’Ebit ajusté à 494 millions d’euros, contre 507 millions d’euros au premier trimestre de 2024.
8.726 avions en commande
Au premier trimestre, les commandes brutes d’avions commerciaux se sont élevées à 280 appareils, soit 110 de plus qu’au premier trimestre 2024, et le carnet de commandes a atteint 8.726 avions commerciaux à la fin mars 2025. Airbus Hélicoptères a enregistré 100 commandes nettes contre 63 unités il y a un an. Quant aux prises de commandes d’Airbus Défense and Space, elles ont gagné 30 %, « reflétant une bonne dynamique dans l’ensemble de ses secteurs d’activité ».
Pour Guillaume Faury, les priorités ne changent pas : la remontée des cadences, le soutien à l’autonomie stratégique de l’Europe dans la défense, le soin porté à la chaîne d’approvisionnement. Du côté de l’activité spatiale, il a expliqué que les pourparlers avec Thales et Leonardo se poursuivaient. « On est dans la phase de construction du projet pour évaluer les synergies et expliquer les avantages du projet à nos partenaires. Cela avance mais nous sommes dans une phase
d’explications, non contraignante, et pas encore dans une phase
conclusive », a précisé le PDG d’Airbus.
Anne Bauer — Les Echos