NanoXplore, acteur clé des composants électroniques pour le spatial, a séduit MBDA et Bpifrance dans le cadre d’une levée de fonds de 20 millions d’euros. La société cherche à saisir des nouvelles opportunités dans la défense.
La nouvelle stratégie de sécurité de l’administration américaine est claire comme de l’eau de roche : l’Union européenne n’est pas une priorité stratégique et est décrite comme une région en plein déclin économique. Si les responsables politiques du Vieux Continent sont sous le choc, les entrepreneurs ont, au moins, des raisons d’espérer.
Car pour prouver à Donald Trump qu’il a tort, l’UE n’a d’autre choix que de mettre les bouchées doubles sur le plan technologique. Le fabricant de composants NanoXplore, qui vient de lever 20 millions d’euros auprès de MBDA et Bpifrance, espère participer à cette contre-offensive. Cette scale-up est spécialisée dans les FPGA (Field Programmable Gate Array), c’est-à-dire des circuits intégrés électroniques qu’on retrouve à bord des programmes Galileo et Copernicus ou dans les satellites de Thales et d’Airbus. « Nous couvrons à peu près tous les domaines d’application dans le spatial », explique Edouard Lepape, son dirigeant.
Une société patiente
Ces composants appartiennent à la famille élargie des processeurs et sont immunisés contre les radiations. « Ils peuvent durer dix-huit ans dans l’air sans faille », glisse le patron. La société a construit patiemment sa technologie et opté pour un modèle économique « fabless », moins gourmand en cash. « Nous concevons le composant, puis livrons les plans à STMicroelectronics qui le produit. Une fois fini, nous le rachetons et le commercialisons », commente le dirigeant.
La formule porte ses fruits. La société est rentable et indique avoir réalisé « un peu moins de 20 millions d’euros » de chiffre d’affaires en 2025. « En 2026, nous allons faire entre 35 et 40 millions d’euros. Nous avons une certaine visibilité parce que nos contrats durent très longtemps », indique l’entrepreneur.
Séduire de nouveaux clients
Alors que le climat géopolitique s’alourdit, NanoXplore veut défricher des nouveaux territoires. « Pour nous, c’est une priorité de se diversifier dansla défense. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle nous faisons entrer deux acteurs de la défense dans le cadre de cette levée de fonds », argumente Edouard Lepape. MBDA est un puissant missilier européen et était déjà un client de la société. Quant à Bpifrance, il est l’un des principaux investisseurs dans le secteur à travers le Fonds Innovation Défense. Les composants de NanoXplore peuvent être utilisés dans des radars, les drones, les avions et hélicoptères, etc.
Cette première levée de fonds doit ainsi aider la société à poursuivre sa feuille de route technologique. « Aujourd’hui, nous travaillons en 28 nanomètres. Mais nous avons un très gros plan de développement avec l’ESA, le CNES et la Commission européenne pour développer une plateforme en 7 nanomètres », précise le dirigeant.
Solidement implantée en France, l’entreprise entend aussi s’internationaliser dans des pays tels quel que l’Allemagne ou l’Italie, où se trouvent des gros équipementiers dans la défense et le spatial. Ce qui pourrait passer par des acquisitions pour élargir son portefeuille de produits et consolider la base industrielle européenne dans la microélectronique critique.
Source: Les Échos- Adrien Lelièvre
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