Sur le premier site industriel français, l’avionneur va étendre ses aires d’essais et ses usines de 18 hectares d’ici à 2028, pour doubler la fabrication de l’A321 et de l’A350, après avoir obtenu une dérogation à la loi climat. Il recrute 700 compagnons à Toulouse cette année.

C’est le plus important agrandissement d’Airbus à Toulouse depuis l’ouverture en 2004 de la grande usine Jean-Luc Lagardère de 200.000 m2 destinée à l’A380, arrêté en 2021. Répartis sur 700 hectares autour de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, les usines et bureaux d’Airbus forment le premier site industriel du pays, avec 27.000 salariés et autant chez les fournisseurs alentour. L’avionneur va y aménager de nouvelles aires d’essais d’avion et une dizaine de bâtiments « sur une surface de 18 hectares entre 2025 et 2028 », indique la direction qui ne communique pas l’investissement. Certains travaux ont déjà commencé.

L’avionneur augmente les cadences de fabrication pour répondre à la croissance des commandes qui dépassent dix années de production, avec plus de 8.700 avions à livrer. Airbus veut livrer 820 appareils cette année, contre 766 en 2024. Puis, si la chaîne de sous-traitants et les motoristes suivent, il poussera le curseur à 75 avions moyen-courriers A319/320/321 par mois en 2027 contre 50 en 2024, et à douze long-courriers A350 par mois en 2028 contre cinq en 2024 et sept ce mois-ci. La fabrication de l’autre gros-porteur plus ancien A330 doit passer de quatre avions par mois en juillet 2025 à cinq en 2029.

Doubler la fabrication de l’A321

Pour accélérer l’assemblage des A320, l’avionneur ouvrira une deuxième usine aux Etats-Unis à la fin de l’année et une deuxième unité en Chine début 2026. A Toulouse, il a reconverti en 2023 la grande usine Lagardère de l’A380 dans la construction de l’A321. Cette version rallongée de l’A320 est la plus vendue, avec 4.000 appareils à livrer.

Il ouvrira au début de 2026 une deuxième chaîne d’assemblage dans la même usine pour porter la capacité maximum de dix à vingt A321 par mois. L’avionneur veut doubler la fabrication des A321 à Toulouse de sept avions par mois à une quinzaine en 2027. Il construit pour cela, à côté de l’usine, un hall qui recevra les avions presque terminés pour effectuer les retouches sans retarder la chaîne. Il aménagera aussi une nouvelle zone d’essai au sol pour les tests de pressurisation et d’étanchéité des systèmes.

Le gros chantier sera la construction d’un deuxième centre de livraison des avions aux compagnies aériennes, d’ici à 2027, dans le prolongement de l’usine Lagardère. Destiné à livrer les avions A320/321 neo, il comprendra six hangars pour faire les dernières retouches à la demande des compagnies et pourra accueillir quinze avions. Il désengorgera l’actuel centre Jean-Ziegler de l’autre côté de l’aéroport et réunira la fabrication et la livraison des A321. L’actuel centre de livraison recevra un hall supplémentaire pour les finitions d’ici à 2028.

54 hectares de plus à terme

Airbus accroîtra aussi la fabrication des long-courriers A330 et A350 qui ne sont assemblés qu’à Toulouse. Pour cela, trois halls accueillant un avion chacun seront construits d’ici au printemps 2026 sur le site Clément Ader à Colomiers (Haute-Garonne) pour réaliser l’aménagement commercial des cabines (sièges, vidéo, etc.) à la demande des compagnies. S’y ajoutera une salle de peinture.

L’avionneur développera la logistique des équipements en agrandissant le centre Airlog à Colomiers et en ouvrant d’autres locaux à côté des chaînes. « Nous prévoyons de quasiment doubler notre surface de stockage qui est de 90.000 m2 », a indiqué Christophe Agostini, directeur des sites industriels d’Airbus à Toulouse, à « La Dépêche du Midi ».

Airbus a obtenu l’an dernier une dérogation de l’Etat à la loi climat pour étendre ses installations toulousaines de 54 hectares. Les nouveaux terrains sont en cours d’acquisition auprès de la commune de Cornebarrieu au nord de la plateforme. Il continue aussi de recruter 700 compagnons de fabrication à Toulouse cette année.

« L’agrandissement est une bonne nouvelle, surtout celui du site Lagardère pour l’A321, affirme Bertrand Mendez, délégué syndicat central FO. Mais si la fabrication de l’A321 augmente, celle de l’A320 diminue. Il se pose donc la question du transfert d’activité d’une chaîne à l’autre pour s’assurer que la charge de travail de demain sera identique ou supérieure à celle d’aujourd’hui, avec l’idée de ne pas fermer la chaîne de l’A320. »

Source: Les Échos – Laurent Marcaillou