Peu après la signature des accords de Lancaster House, en novembre 2010, la France et le Royaume-Uni notifièrent un contrat de 600 millions d’euros à MBDA pour développer le missile antinavire léger [ANL], censé prendre la relève du Sea Skua britannique et de l’AS-15 TT français.

Seulement, l’ANL – encore appelé Sea Venom outre-Manche – ne faisait pas partie des priorités de la Marine nationale, cette dernière n’ayant d’ailleurs jamais utilisé l’AS-15 TT, si ce n’est à des fins d’essais.

« La volonté politique a soutenu l’antinavire léger, qui impose désormais au DGA [Délégué général pour l’armement, ndlr] et à moi-même de trouver des solutions non pas techniques, mais d’allocation des crédits dont nous disposons, même si ce programme répond à un besoin militaire avéré », avait ainsi expliqué l’amiral Édouard Guillaud, alors chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’une audition parlementaire, en 2013.

Reste que la Direction générale de l’armement [DGA] s’est investie dans le programme ANL, via plusieurs tirs de développement et de qualification réalisés entre 2017 et 2020. Et cela au point que Florence Parly, ministre des Armées à l’époque, s’était félicitée du « modèle de coopération » établi pour la mise au point de ce missile. Et cela alors qu’il était question d’armer la version « marine » du futur hélicoptère Guépard avec des ANL.

Depuis, les plans ont changé. En avril dernier, dans les pages du magazine spécialisé Air Fan, le responsable du programme « Guépard » au sein de l’État-major de la Marine nationale a confirmé que l’ANL n’avait finalement pas été retenu, la priorité ayant été donnée à la roquette guidée laser [RGL] de 68 mm proposée par Thales.

Dotée d’un autodirecteur semi-actif laser, d’une centrale inertielle, d’un calculateur et d’ailettes de stabilisation, la RGL est programmable en vol. Elle est en mesure de « traiter des cibles comme des embarcations légères situées jusqu’à 5 000 m de distance.

Pour autant, le développement de l’ANL/Sea Venom s’est poursuivi pour le compte de la Royal Navy. En octobre 2024, un hélicoptère Wildcat HMA Mk2 du 744 Naval Air Squadron a tiré pour la première fois un Sea Venom contre une cible représentative d’un navire.

« Il s’agit d’une étape importante dans l’intégration du Sea Venom sur le Wildcat. Cet hélicoptère sera doté d’une capacité offensive contre des cibles allant jusqu’à la taille d’une corvette, ce qui va lui permettre de soutenir le déploiement du groupe aéronaval de la Royal Navy en 2025 et au-delà », s’était félicité MBDA UK à l’époque.

Un an plus tard, une nouvelle étape a été franchie, la Royal Navy ayant déclaré la capacité opérationnelle initiale [IOC] de ce missile, à l’occasion du déploiement dans la région indopacifique du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions HMS Prince of Wales [opération Highmast]. Déploiement auquel participent quatre hélicoptères Wildcat du 815 Naval Air Squadron.

« La capacité opérationnelle initiale du Sea Venom constitue une nouvelle étape pour garantir que le groupe aéronaval demeure une force de classe mondiale et prête au combat. Cela renforce notre capacité à protéger l’environnement maritime, à rassurer nos alliés et à dissuader nos adversaires. Cette capacité permet à nos équipages d’opérer en toute confiance face à un large éventail de menaces, consolidant ainsi l’engagement du Royaume-Uni à fournir une puissance aérienne décisive en mer et depuis la mer », s’est félicité le contre-amiral James Blackmore, le commandant du GAN britannique.

Selon le site spécialisé Navy Lookout, le ministère britannique de la Défense avait investi 945 millions de livres sterling pour le développement et l’acquisition du Sea Venom/ANL en 2022.

Pour rappel, ayant une fonction « tire et oublie » grâce à son autodirecteur infrarouge, ce missile antinavire est doté d’une liaison de données bidirectionnelle permettant à un opérateur de désigner une nouvelle cible pendant le vol et / ou de choisir de frapper une zone précise d’un navire, comme par exemple son gouvernail. D’une masse de 110 kg [dont 30 kg de charge militaire], il a une portée de 20 km.

Source: Zone Militaire – Opex360.com

                       

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